Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 17:26
C’est un week-end prolongé, nous décidons d’aller passer un petit séjour dans le massif du Soreiller au refuge du même nom qui n’est pas gardé à cette époque. La météo annonce un temps assez instable mais ce n’est pas grave, nous déciderons au jour le jour du programme. Nous voulons effectuer l’ascension de l’Aiguille Dibona par sa face sud, la plus impressionnante et surtout la plus élégante. Si les conditions sont réunies, nous irons visiter l’Aiguille Centrale ou Occidentale du Soreiller.

Il est 11h : départ du petit village des Etages (vallée du Vénéon) à quelques kilomètres de La Bérarde pour rejoindre le refuge situé à 2719m. Il y a 1100m de dénivelée, le sentier serpente au-dessus des Etages puis rejoint une combe qu’on parcourt pendant 30 minutes avec de gros névés à cette époque, on débouche alors dans le cirque du Soreiller. L’apparition de la Dibona annonce la couleur : une flèche de granit qui met tout de suite dans l’ambiance. Superbe !


 







 

 

Le sentier pour monter au refuge du Soreiller

 



Le cirque du Soreiller : Aiguille Occidentale du Soreiller, Aiguille Centrale du Soreiller, Aiguille Dibona et Aiguille Orientale du Soreiller (de gauche à droite)

 

Nous arrivons vers 14h30 au refuge après une montée tranquille sous un soleil éclatant, on a les sacs assez lourds car on a amené le matos et la nourriture pour 2-3 jours. Peu de monde, environ 15 personnes, on installe le barda dans la salle à manger, 2 chambres sont ouvertes pour dormir. On repère la partie visible de notre itinéraire depuis le refuge. L’aiguille présente une face de près de 350m bien sèche. L’itinéraire choisit emprunte une combinaison de voies ouvertes dans les années 1930, c’est à notre niveau : homogène dans le 4b/4c avec des pas de 5b. La voie normale de la Dibona est situé de l’autre côté, ce sera notre itinéraire de descente par 2 rappels successifs de 25m. Petit coup de téléphone à la météo montagne de Briançon (08 92 68 02 05) : nuit avec voile nuageux, vent 70 à 100 km/h en crête pour la journée, le temps tient le matin puis cela bourgeonne vers midi pour donner un temps de plus en plus encombré et orageux dans l’aprèm. Ce n’est pas le top, on verra le matin.

Lever à 7h00, petit déjeuner, on parle de ce qui nous attend, on va devoir installer des friends et des coinceurs car l’équipement est très aéré voir inexistant, c’est une première pour nous dans une grande voie. Théo est confiant comme d’hab, moi j’attends de voir ce que donne la cotation à l’ancienne. L’ambiance est vraiment sympa au refuge, un guide et ses clients nous laissent même leur surplus de bouffe! Départ à 8h20 du refuge le plus léger possible, 5 minutes suffisent à rejoindre par les névés le bas de la face, 5 minutes pour s’équiper (chaussons d’escalade) et on s’engage dans la première longueur facile en IV.

Pour le topo, je ne décrirai pas précisément l’itinéraire, il y des topos pas mal sur « camp to camp ». Il est utile de bien repérer celui-ci pour éviter de se lancer dans du plus difficile.

On démarre la véritable ascension dans la fissure dièdre puis on s’engage dans le tunnel (L2), ça met l’ambiance, on enlève le sac pour passer et on l’accroche au baudrier (escalade en 4c). La 3ème longueur continue dans la dalle fissurée et il faut s’engager rapidement avant un passage humide à droite (4c) dans la voie « Berthet ».

Vue sur le Vallon et la Pointe du Vallon des Etages en face du massif du Soreiller

 

On grimpe ensuite deux longueurs sur l’arête Sud-est (voie « Sept d’un coup ») en 4c et 5b (L4 et L5) avec un petit pas bien sympa dans la seconde. D’ailleurs il n’y a aucun point, on a fait une longueur un peu freestyle sur l’arête, le « vrai » itinéraire est peut-être plus à droite. Théo effectue les longueurs en tête et protège de quelques coinceurs son avancée, je les récupère derrière. Il est utile d’avoir des sangles de 120 cm pour éviter le tirage au niveau des protections mises en place. On rejoint la vire Boell, c’est une petite traversée facile (L6).

L’itinéraire se lance alors sur la partie gauche de la face Sud : la longueur L7 (50-60m) présente au début une dalle facile (couloir « Boell ») puis on s’est engagé dans un dièdre peu protégeable d’une quinzaine de mètres sur la droite et le relai est sur une terrasse. L‘escalade est vraiment superbe.

Le temps commence à être perturbé, des cumulus font leur apparition sur les sommets alentours, il ne va pas falloir traîner. A présent, on est dans les cannelures « Stöfer » (L8) en 5b, pas si facile que ça le paraît puis c’est le passage le plus impressionnant de la voie : un surplomb plein gaz ! Quelques mètres après la sortie, c’est le relai. A ce moment, on décide de partir sur la gauche de la dalle qui nous fait face (erreur, la voie qu’on voulait emprunter partait en oblique sur la droite), on effectue alors la sortie « Livanos » (L9) plus difficile, qui longe l’arête Ouest avec un passage en 5c intéressant. Les nuages ne sont pas venus jusqu’à l’Aiguille Dibona, tant mieux.

Nous arrivons alors dans la dernière longueur où nous contournons par l’Est les difficultés, il y a un seul point dans cette longueur facile. Nous sortons au sommet heureux d’avoir accompli cette ascension mythique qui a duré environ 6 heures (je pense que 4 heures suffisent pour une cordée rompue à ce genre de terrain). Il y a quatre personnes sur le minuscule sommet. Ambiance magnifique !

La cordée au sommet


L'Aiguille Centrale du Soreiller depuis la Dibona  &  La fine arête en face Nord 

 

 

 

 


Après 10 minutes au sommet, le temps est à nouveau menaçant. Les relais de descente (voie normale) sont bien équipés mais le relai intermédiaire est sous presque 1m de neige. Il va falloir faire le deuxième rappel sur un béquet (car on a une corde simple de 70m). Mais Stéphane et Philippe avec lesquels « on a grimpé » durant toute la journée (ils ont fait la voie Coup de Bambou) car on les retrouvait lorsque les voies se croisaient, nous prêtent leur corde à double (2x50m) pour descendre d’un seul trait la voie normale jusqu’au pied des clochetons de Gunneng. Puis on finit avec eux la petite désescalade en traversée qui permet de rejoindre la neige. Mise en commun du matériel, solidarité en montagne ! Des gestes qui comptent.

Et là, l’orage éclate durant quelques instants: de la petite pluie puis des grêlons. Les 4 autres alpinistes descendent vite car ils « entendent les abeilles ».

 

 

 

 

 

La brèche Gunneng

 

On enfile les grosses qui étaient dans le sac et c’est le retour au refuge en 45 petites minutes par les grandes pentes de neige. Il commence à pleuvoir de façon plus intense alors que nous rentrons à l’abri. Nous sommes bien contents de notre journée sur ce granite exceptionnel pour la haute-montagne.

L’itinéraire effectué à l’Aiguille Dibona : voie Berthet-Sept d’un coup-Boëll-Stofer-Livano, 400m d’escalade en 10 longueurs, cotation D (cet itinéraire peut présenter des approximations au vu de la grandeur de la face, vous devez être maître de votre décision et s’attendre à ne pas retrouver exactement la voie décrite)

 

L’ascension de l’Aiguille Dibona par sa face Sud est une escalade magnifique sur un rocher stable et adhérent. Cet itinéraire est une magnifique façon de progresser dans l’alpinisme en rocher. Il faut néanmoins une certaine expérience de la montagne, une continuité dans l’effort et être à l’aise dans le niveau de difficulté de la voie car les chutes sont à exclure (pose de coinceurs et friends, très peu d’équipement en place, les relais sont corrects mais sont à renforcer avec une sangle par exemple). Attention, les cotations anciennes sont souvent plus difficiles que celles rencontrées en falaise (plus difficile que le Pic de l’Aiguille par exemple, cf. l’article en question).

Le refuge semble ne pas être trop fréquenté en mai, profitez-en pour y aller avant l’afflux de masse de l’été.

L’Aiguille Dibona (face Nord) contemplée le lendemain depuis l’arête menant à l’Aiguille centrale du Soreiller

 

L'arête menant à l'Aiguille centrale du Soreiller débute aux clochetons de Guneng et continue jusqu'au pied de l'Aiguille Centrale. L'escalade est en II, ce jour-là c'est un peu plus difficile car les rochers sont enneigés. Personne aux alentours, nous profitons pleinement de la haute-montagne.

 

Olivier & Théo

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
<br /> J'aimerais faire de l'escalade!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre